Premier pas vers une perception chamanique

Voici jeter sur ces pages (comme une bouteille à la mer) un bout de ces savoirs rejetés et quasiment oubliés. Un bout de ces philosophies étranges qui nous mènent à une autre perception, une autre idée de ce qui est.

• Pour toi le monde est étrange, parce que s'il ne t'ennuie pas, tu es en désaccord avec lui.

• Nous nous mouvons à l'intérieur d'un cercle dont le rayon est la longueur de la corde qui est attachée au poteau. Tant que cette corde n'est pas coupée, nous ne pouvons agir librement. La corde a une longueur qui est mesurable, et le cercle décrit par elle a des limites calculables. Nous sommes des marionnettes qui dansent accrochées à un fil que tient quelqu'un d'autre.

• Aussi loin que l'on aille, on ne peut aller plus loin que ne permet la longueur de la corde du poteau; les plus vastes excursions s'arrêtent là.
• L'inspiration permet de récupérer les sentiments, l'expiration d'expulser les sentiments étrangers.
• Il est monstrueux de croire que le monde est compréhensible, ou que nous sommes compréhensibles nous-mêmes.
• Le monde est étrange parce que prodigieux, effrayant, incommensurable.
• Nous éprouvons tous les mêmes doutes. Nous avons peur de devenir fous: malheureusement pour nous, évidemment, nous sommes tous déjà fous.
• Notre monde, que nous croyons être unique et absolu, n’est qu’un parmi un groupe de monde conjoints, disposés telles les couches d’un oignon. Bien que nous ayons été énergiquement conditionnés à percevoir exclusivement notre monde, nous avons encore la possibilité d’entrer dans ces autres royaumes qui sont aussi réels, uniques, complets et accaparant que l’est le notre.
• Le guerrier doit être un chasseur pour n'être pas chassé. Ce que chasse le guerrier? Ses propres faiblesses, c'est-à-dire sa tendance à se laisser aller aux habitudes de ses semblables.
• Il faut parcourir dans tous les sens un "chemin qui a du coeur".
  
• Le "ne pas faire" est un acte, ou plutôt un "non-acte", désintéressé, c'est-à-dire "sans désir". Étant sans désir, il rompt la chaîne des actes ordonnés par le désir. Le maître avait donné au disciple des tâches qui consistaient par exemple à porter une cape noire, ou à balayer d'un coin à l'autre, c'est-à-dire des actes inutiles.
• Le "ne pas faire" est donc la pure inutilité.
• La contemplation: La concentration sur un objet est la prise en main de notre attention qui empêche notre mental de vagabonder; de même, l'attention au souffle, à une seul pensée, à un "mantra", etc.
• La contemplation consiste à arrêter son dialogue intérieur et à entrer dans les choses, on arrête le monde quand l'attention seconde s'accroche à quelque chose.   
• Tout "ne pas faire" tend à ceci: à ce que cesse le "dialogue intérieur", qui fait et qui en définitive est le monde, c'est à dire notre représentation du monde, ce qui réveille notre attention seconde.
• Le guerrier apprend d'abord à agir "sans rien attendre", à "ne pas croire", c'est-à-dire à n'attacher aucune importance ni à lui ni à rien, mais en faisant comme si la chose lui importait. C'est ainsi qu'il apprend le "ne pas faire" qu'est le détachement - ce qui signifie que le guerrier se détache de lui-même.
• Les sept règles de l'art du traqueur ont comme bases trois préceptes: " Tout ce qui nous entoure est un mystère insondable." - "Nous devons essayer de découvrir ces mystères mais sans même espérer y parvenir." - "Le guerrier prend la place qui lui revient parmi les mystères et se considère comme l'un d'eux", car tout est "un mystère que l'on ne peut qu'accepter dans l'humilité et dans le respect".
• Perdre sa propre importance, c'est se libérer du "soi-même" qui est le reflet du monde des hommes. C'est le seul moyen de pratiquer la folie contrôlée, qui est la perfection de l'art du traqueur. Car sans sa propre importance, il ne convoite plus rien.  Par ce biais, il acquières une patiente infinie et une capacité d'improvisation infinie.

*Les termes guerrier et traqueur représentent des étapes d'apprentissage, des concepts comportementals.
** Les termes "ne-pas-faire" et folie contrôlé représentent les techniques pour accéder aux comportements, à une représentation de monde.

Réflexion: La philosophie est la recherche du vrai. Coincé par la raison dans les limites de la science, les philosophes sont devenus historiens, sociologues et romanciers. Je pose la question. La Vérité est-elle devenu obsolète en ce monde pour qu'ainsi disparaisse cette volonté de chercher. Où est-ce que nos philosophes n'ont jamais été assez philosophe pour sortir de ce carcan qui les bloquent et continuer leur quête dans une autre direction... Une direction oubliée...

La suite... Au prochain post.