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Auda Skia
25 février 2012

journal d'un chômeur parisien partie 1

journal d'un chômeur parisien

ou pourquoi on entend jamais parler des chômeurs alors qu'ils sont si nombreux

 

Partie 1 : Les ombres de la fin du premier millénaire

C'a y est, J'ai 18 ans...

Je viens de sortir du cursus scolaire... De ces sept années terribles... de ces sept recommencements...

Pendant 12 ans, j'ai subit le jugement d'inconnus qui, sans relâche, on passer sous silence ce qui faisait de moi un individu, pointant du doigt mes qualités comme autant de défauts, m'interdisant le rêve et m'obligeant à courber l'echine, à apprendre sans comprendre, à accepter l'idée  que mon avenir ne serra que plus sombre... Je deviendrais balayeur... Combien de fois m'a-t-on dis ca... combien de fois m'as ton montrer la matraque de la peur plutôt que les rouages du savoir...

J'ai cru, un temps, je m'en souviens, c'étais après les 5 premières années... J'au cru qu'on allais enfin m'expliquer, me montrer le chemin de la vérité, ou du moins de la mienne... Trouver un place pour moi.... Mais c'est vite retomber... la philosophie n'est pas la recherche de la vérité... tout comme la poésie n'est pas la recherche du beau ou du partage de sentiments... et comme l'histoire n'est pas la recherche du passé (comment accepter une histoire réécrite pas les gagnants). Juste des leçons, des suites de mots que l'on dois pouvoir répéter sans les éprouver, ou expérimenter leur sens... Ce n'est pas le but... Chien savant peut être mais chien toujours.

Oui c'est exactement ça. Un chien. C'est l'exact sensation que j'ai eu toute ces années... sans le comprendre vraiment. Puis quelques rares professeurs (allez savoir pourquoi... crise d'humanisme, reste d'empathie) ont essaye de communiquer avec moi... Mais ils ne sont ni sage ni de vrai professeur, et leur aide se bloque... Pas au delà des heures de cours... Pas au delà de leur rôle.. leur rôle de quoi, je me le demande. Non pas de rapport humain... le bâton est le seul lien entre les chiens et les maître chien... Sinon, qui sait, le chien peut découvrir que le maître chien n'est, tout comme lui, qu'un chien apprivoisé.

Et me voila... A 18ans, vidé de tout ce qui devrait être présent en moi à cette âge...

L'ecole me la dis, je n'ai pas ce qu'il faut pour vivre décemment dans ce monde... Je serai balayeur... Et puis qu'importe ce qu'elle m'a dis puisque de toute façon elle ne m'as rien enseigner d'utiles pour y survivre...Je ne comprend pas le monde et je ne le connais pas. L'echec est devenu, grâce à l'ecole, la seule réponse possible à mes actes, car je n'en ai jamais eu d'autres...

Ma confiance en moi? Disparu il y a belle lurette quand les devoirs scolaires ont obliger mes parents à ce ranger du cotés des professeurs, je ne suis bon a rien. Marrant, non? Que ce soit les devoirs qui ont détruits ma relations avec mes parents... La déception dans leur regards... Je n'avais que 12ans quand j'ai appris ce qu'est être misérable et seule. Et pourtant mes parents vivaient ensembles, même pas divorsé.

Et me voila. A 18ans... Mes jeunes années? Je ne les ai ni savouré ni expérimenté... Je suis déjà vieux. Mes illusions sont déjà tombés, ils m'en restes bien sûr mais c'est les pires, et l'ecole me les bien apprises... Je serais balayeur.

Voila pour le coté scolaire... Que dire d'autres sur ce qui fait de moi ce que je suis à cet âge d'adulte.

Les autres... oui les autres chiens... bien c'est la loi du plus fort, du plus brillant, du plus résistant... Dans la cour des écoles, je marche... Cela doit être la seule chose que j'ai fait volontairement pendant ces 12ans, la seule liberté que je n'ai jamais eus. marcher, le long des murs de la cours... Évitant les centres, ceux des mecs, forts et bêtes, les bleues et les insultes ca va un temps; Et ceux des filles, pour qui tout est apparences, je suis un ado physiquement normale, et ce centre là est a éviter si l'on n'est ni grand ni beau ni imbu de nous même... Alors je marches.... Dans mon malheur je ne suis pas seul... Nous sommes plusieurs petites ombres à longer les murs de notre prisons... Mais nous avons appris notre leçon, nous sommes des chiens, nous savons tous que chacun trahira les autres si un truc brillant ou chaud arrive à porter... Mais pour l'instant ouf, rien qui brilles, nous pouvons nous soutenir un temps, oublier que la solitude et le balais sont les seuls promesses de l'avenir. Oublier que nous sommes dans un monde d'inégalités et de salops. Oublier tout ces mensonges rabâchés quand on s'éveillait à la vie. Pas de princesses au coeur pures ici, pas de héros bravant les monstres et défendant les faibles. Et pas de paix.

 

Et me voila donc à 18ans. Armé pour le monde.

Je sais qu'il ne faut pas que j'attende... Que je trouve un boulot vite... Avant que le désespoir me submerge. Mais cela ne se fait pas... Même pas balayeur... Trop qualifié et pas de permis. Alors je me met aux petits boulots, baby sitting, transporteur de jeans, réparateur en tout genre, aide en tout genre... J'apprend le system D.

 

J'ai dix neuf ans, le regard acide mais involontaire de ma famille me brûle la nuque... Je ne vaut rien. Je me rend compte que je ne regarde plus personne en face... Ces 12ans de déception scolaire se sont transformé en honte.  Et je suis toujours dépendant de ma famille. Les petits boulots ne m'apportent pas de quoi vivre et je me sens exploiter.

C'est une voie sans issue. Que ma famille paye. La honte devient mon univers. L'espoir devient un mot vide de sens pour moi et je le range dans le coin le plus nécrosé de mon cerveau, à coté des mots liberté, bonté et sagesse.

Je craque. J'ai dix neuf ans et je connais une nouvelle forme de dépression. Et alors que je m'enfonce, je réalise que ce n'est pas une nouvelle forme de dépression qui m'étreint, juste un autre stade d'une même dépression commencer à mes douze ans... Enfin je le suppose, je n'ai pas de point de comparaison. Je décide d'en avoir le coeur net. Je sais que montrer son désespoir peut être pire que tout mais avant que les humains ne me fuient j'aurai le temps de voir dans leur regard la perception qu'ils ont de moi. Mauvais calcul. Dés l'instant ou jei montre que cela ne va pas, les humains me fuit, faisant mine de regarder ailleurs, de ne pas me voir, de ne pas comprendre... Je ne vois rien dans leur regards si ce n'est leur propre peur du vide. Oui, mauvais calcul. Ma 'depression' est pire pour eux que le Sida, pire que la peste et le choléras. Pire que tout.

J'ai 19 ans et je sais que je suis déjà tout en bas. Je deviens chômeur.

Et là, tout empire. Plus que je ne pouvais l'imaginer.

J'ai une étiquette désormais. Les gens ne me fuit plus car l'étiquette ne leur fait pas peur, car elle cache sous son collant toute son horrible signification. J'ai aussi une classe sociale. Pour la première fois de ma vie je crois que j'ai trouvé quelque chose. J'ai une classe sociale... Il y a d'autres personne comme moi...

Et je fait connaissance avec l'ANPE... Et tous mes griefs contre l'éducation disparaissent, je viens de rencontrer une institution pire. Apres mon premier entretient je sais qui si la chance ne me fait pas rencontrer quelqu'un qui me donne une occasion de m'en sortir, alors je suis mort et mon agonie ne serra pas des plus enviable.

Mon premier rendez vous ANPE est horrible. Je suis déjà à moitié détruit et j'arrive face à quelqu'un qui va insidieusement me rendre responsable de tout. Tout d'abord avec un sourire des plus faux elle fait le tour de mes expériences. S'arretant sur chacune pour me glisser l'air de rien que toutes ces expériences aurait pu déboucher sur un vrai emploi et que si ce n'est pas arriver c'est de ma faute. Je commence à sentir vers ou elle fait souffler le vent. Je me referme sur moi. Elle dois le sentir et passe à mon cv. M'explique l'art du CV. Elle en arrives presque à me dire que le style du CV est plus important que son contenu. Elle sous entend que le sens de la responsabilité, du travail bien fait et de tout ce qui fait un travailleur n'est rien. Seul compte de montrer a quel point on est servile, A quel point se faire exploiter est notre seul voeux. Elle ne m'aidera pas. Elle n'as ni l'envie ni les moyens. Elle n'est là que pour me briser encore assez pour que je ne soit qu'un esclave prêt à obéir à n'importe quel patron. Servile. Je le sens des le premier rendez vous. Elle me veut servile...

  Je comprend mieux quelques rendez vous plus tard... Elle n'est pas là pour moi. Elle est là pour son patron, pour sa hierarchie. Je ne suis rien qu'un plus ou un moins dans son quota. Elle n'as pas d'offre d'emploi, elle n'as pas de stages ou d'apprentissage. Elle ne veut de moi qu'une signature... Elle ne veut de moi que des preuves que je cherche un emploi... Tout change rien n'est diffèrent. Je reprend ce masque de 'tout va bien', pour ne pas empirer les choses... Qu'elle ne me prennent pas en grippe. Ça passe. Nos rendez vous continue, chaque mois, et chaque mois nous nous mentons pendant une heure avec sourires et prévenances...

J'ai 20ans. Je connais tout des drogues et des palliatifs, de la télé à la coke, de la musique au jeux vidéos. J'ai dù tout tester pour apprendre et comprendre. Pour renouveler l'espoir. Pas un espoir à long terme. Je suis chômeur, le temps se raccourci. Les semaines deviennent des jours et les mois des semaines. les rdv ANPE deviennent ma seule unité de temps. Je survie, mon besoin d'espoir est journalier. Je rempli les heures de documentaires, de films, de musiques, je commence a écrire aussi, histoire d'avoir l'impression de ne pas être seul dans ma position. Je test les drogues, laquelle peut m'allonger ces heures d'espoirs, laquelle peut rendre brillant mon masque, laquelle peut me plonger assez longtemps dans le néant pour commencer à éprouver ce sentiment inconnu qu'est la paix.

Et toujours se décalage avec les autres... comme ci je venais d'une autre société. Je commence à mettre des mots sur ces différences... Je survie eux vivent... Nous ne subissons pas les même lois et nous n'avons pas les même besoins. Ils sont tous si sophistiqués... Et je ne rêves que de repas au pluriels, de remplacer mes monologue par des dialogues, d'avoir un sourire en retour d'un sourire. Je commence à envier le monde entier. Mon humour n'arrives plus à diluer ma noir dépression. Et je ne connais aucun autre chômeur... L'ANPE n'as même pas su faire ce minimum. Je suis toujours seul dans ma situation.

Mais la chute n'est pas fini.

Le temps passe... J'ai 22ans.

Depuis trois ans que je suis à l'anpe, je me suis fait virer trois fois, en Juillet. Moi ou les statistiques du chômage sont faite... Ça continue, je n'ai plus rien mais ils trouvent encore le moyens de m'exploiter... Et a chaque fois je perd mes droits et je dois tout refaire... Nouvelle ANPE a chaque fois, je visite Paris...

Mais quelque chose à changer chez moi... L'habitude à fait sont office.

Je ne sais plus qu'il y a d'autre façon de vivre. Côtoyer les autres est douloureux, trop douloureux. Je ne comprend toujours pas pourquoi je comprends les autres et pourquoi personne ne me comprend. Mais cela ne m'ennuie plus. Je prend un rythme, me forçant à mettre mon masque en soirée une ou deux fois le moi même si c'est douloureux pour ne pas être totalement déconnecté, pour ne pas devenir fou... trop vite. et j'ai le reste du moi pour m'en remettre.

Je continue à chercher du travail, mais c'est un réflexe idiot... Trois ans de chômage on fait de moi un 'non employable' et toujours aucune rencontre porteuse d'espoir.

Mon masque, je ne le quitte plus désormais qu'à la faveur de la nuit. Je réalise que le masque marche avec tout le monde de la même façon; assistant sociale, amis, famille, femmes... Tous marchent aux trois lois du SAP (Pouvoir, apparence et stabilité). Je force juste l'une des trois lois selon la situation. Je vis désormais en Enfer. Le mensonge est tout. Ma conscience en prend un coup... de plus.

Et les années passent...

J'ai 25ans. Mon corps ne tenait plus le régime de un repas par jour... Les carences et les mots de tête font reculer encore un peu ma conscience. La fatigue est tellement présente que tout devient difficile... Se lever, se coucher, parler, même manger... Je n'en puis plus je craque... Il me faut de l'argent... Je commence le seul métier accessible que me laisse cette société étrange; Je deviens dealer.

Et là tout change! Contre tout sens commun; dealer me permet de redevenir humain.

Je côtoie des gens... je rencontre les premiers chômeurs de ma vie. J'apprend enfin que je ne suis pas seul. Ils ne sont pas tout a fait comme moi mais ils ont des valeurs, valeurs très personnel mais authentiques. Je goûte pour la première fois de mon existence à une relation égalitaire et sans masque. Nous sommes des survivants, sans espoirs ni confiance; tels des animaux nous passons par une étape d'apprivoisement. Mais tel de formidable humain, nous sommes lucides... Nous nous donnons des noms.... huit pas, cinq pas, un bras... une équivalence à nos blessures, à la distance de confiance entre nous...Cela me rassure un peu, je ne suis pas fou. Cela ne dure qu'un temps bien sur, nous sommes survivants. Il suffit d'un rien pour que l'un de nous disparaissent dans son enfer, d'un centimètre cube de chance pour que l'un trouve une compagne, un boulot...

Dealer ne m'amuses pas. Le passage chez le grossiste est toujours aussi dangereux et je n'arrives pas a arnaquer les gens. Mes bénéfices ne sont pas suffisants par rapport au risques... je deal de tout au départ mais je m'arretes très vite sur certain produits... Chaque classe sociale a sa drogue... Chaque classe sociales à sa police. Et je m'apperçois très vite de quels classes sociales je dois me méfier... Pour finir je ne vend plus que des 'drogues douces'; du shit et de la beuh... Ma conscience peut survivre a vendre un peu de paix au faible mais pas a vendre de la paix ou du carburants aux pires monstres humains ni a entretenir les plus torturés. Les plus torturés... Une nouvelle classe sociale

La seule classe sociale que je ne comprenais pas... Celle de ceux qui sont tombé encore plus bas que moi. J'y vois un espoir égoïste. Si je comprend pourquoi ils survivent encore alors que leur situation est pire que la mienne cela m'aidera peut être a m'assagir ou a défaut à m'aider a relativiser sur mon cas. J'y vois une clef contre le suicide. Mais je me cogne contre un mur. Ceux-là ont été abandonnée par le monde depuis trop longtemps. Ils ne survivent plus, ils sont redevenu sauvage. La communication est impossible. J'y vois un aperçu de mon avenir... Ils ne vivent pas, ils ne survivent plus pourtant ils sont encore en vie... Je comprend que ce n'est plus qu'une habitude... La vie n'est plus que ces moments froids et douloureux entre deux trips, que le temps n'est plus que ce battement de coeur de plus en plus rapide entre deux trips. On leur a arraché tellement de choses que de la vie ils ne connaissent plus que l'acceleration. ce moment magique ou l'on se sent vivant, au début du trip. Le reste ne les touches plus, leurs senseurs ont été détruits. Ce n'est pas la clef contre le suicide que je cherchait. Je n'ai pas le choix je dois continuer. Un boulot demeure ma seule chance d'exister et de vivre.

J'ai 27 ans. L'ANPE subit des changements... Désormais ils ne font plus mine de me chercher du boulot. Avant j'avais une proposition de temps en temps qui ne me correspondais pas bien sur mais bon au moins y avait quelque chose... Une proposition de photographe professionnel par ci, une de programmeur bac +5 demandé par là... ce genre de chose. Mais désormais c'est terminé. Ils ne sont là que pour nous fliquer. Le ton change aussi. Ils ont peurs pour leurs emplois... Nous devenons un moyen pour eux de libérer la pression... La méthode est connu et employé dans de nombreuses entreprises et armée. L'etat veut les déshumaniser pour mieux les forcer a accepter l'inacceptable. Empirant ainsi mon pauvre monde de chômeur.

Désormais La société est synonyme de haine et de violence pour moi. Une nouvelle sorte de police fait son apparition, la BAC. Et je retombe dans la survie.

Je ne me suis jamais battu, j'ai toujours préféré de régler les problèmes plutôt que de les casser. Mais ce n'est plus l'avi du monde. La BAC m'apprend le goût des menottes, des passages a tabac gratuit parce que je fume et que je parait jeune. Les insultes aussi. Je réalise pour la première fois ce que ressentais un juif chez les nazis, un noir sous l'ancien régime, ou un tzigane de nos jours (j'exagere le trait bien entendu, la BAC cogne et torture un peu mais ne tue pas... ou peu.. ou en tout cas pas à grandes échelles). Je sais ce que c'est que de n'avoir aucun droit... Vous savez ces droits inaliénables... J'apprend en passant que mon casier judiciaire n'est pas vierge; A 12ans j'ai casser un carreau, je ne savais pas que cela valait un casier judiciaire à vie.

J'arretes de dealer, si ce n'est entre amis. Car pour le rester je devrais devenir aussi dur que ces flics là, je ne veux pas de cette escalade là. Je ne veux plus voir ce que je les ai vu faire ou dire. Cela me révolte plus que tout. Mais l'experience de la police a cassé autre chose en moi. Je ne veux plus vivre dans une société dépendante de ceux là. Je peux supporter que la pauvreté et l'ennuie face faire des folies, mais même sans espoir je ne peux accepter de voir des gens éduqués et formés torturer sans l'ombre d'un remords les faibles et les orphelins. Je m'obliges a croire que la justice sert au moins les femmes, que cette police sert au moins le sexe faible a défaut des faibles... Mais rien n'est moins sûr.

J'ai donc 27ans et je me retrouve dans l'exacte situation de mes 18ans, mes espoirs en moins. La boucle est bouclé, me dis-je, cela tombe bien c'est l'An 2000. Quelle meilleurs date peut on trouver pour mourir que la date du nouveau millénaire.... Mais non, je ne m'y résous pas. Il y a encore de la vie en moi et il y a encore des choses qui me revolte. Je me dois de continuer, pas pour me sauver mais, sait-on jamais, pour sauver quelqu'un d'autre. Etrange de voir que mon besoin d'espoir puisse se reporter sur d'autres que moi-même...

 Mais revenons à ma situation. Je suis un chômeur de 27ans. Le chômage est un poids qui s'allourdit de jours en jours m'attirant vers le bas de plus en plus. Je ne connais plus rien de la société que ces arrestations nationales pour l'emploi, c'est désormais mon seul lien avec la société. J'ai appris a m'habiller bien pour éviter les ratonnade ou invective policière. Ainsi avec l'habit et le masque je passe inaperçus. Je me sens comme dans 'Le parfum', je n'ai pas d'odeur je suis invisible... Cela me grise au départ, me permet de faire du chapardage (dur de revenir à un repas par jour). Mais au fil du temps cela devient une situation des plus horrible... Pendant quelque mois je me surprens a me demander si j'existe vraiment... Suis je devenu une ombre? Pas assez blessé pour que l'on distingue ma charogne et pas assez sain pour que les regards s'accrochent à moi...

Vous remarquez que je n'ai pas parlez des femmes. Vous allez me dire que c'est sensé être un essai sur le chômage et que donc cela n'est pas nécessaire. Et pourtant c'est on ne peut plus lier. Car si je ne parles pas des femmes c'est que dans mon univers de chômage, il n'y en a pas. Pas qu'il n'y ai pas de chômeuse mais que chômeuse ou pas, les femmes n'existent pas dans mon monde. A part dans ma phase dealer bien sur car j'avais un peu du vernis brillant de l'illégalité et un peu d'argent... Mais ces rencontres là ne m'ont laissé qu'un mauvais souvenirs d'exploitation encore... Et toujours cette sensation d'être un chien.

Et nous voici en 2001, et mes 28 années de solitude tentent encore de s'allonger et de grappiller ce nouveau millénaire.

L'ANPE me propose un nouveau truc ! Le bilan de compétence. Surpris et curieux, je fonce... Dans ma nouvelle ANPE (déplacer du 19eme quartier de pauvres et de chômeurs au 15eme.. pas de chômeur la-bas, mais le patron de l'agence aura la bas un grand bureau me dit l'assistante sociale d'un air entendu...). Et je m'attele a ce fameux bilan! Vais je découvrir un métier ou mes pauvres talents abîmés par tant d'année de chômage peuvent servir? Non! Le bilan de compétence ressemble a une blague carambar. Après avoir répondu a toutes les questions, le programmes turbine et me donne son résultat: Écrivain! Sans un mot je signe mon passe droit pour sortir, même l'assistante sociale n'ose dire un mot devant la bêtise de ce test, et je m'en vais. Je viens de descendre encore une marche, mes pieds ont disparu dans les ténèbres. Déprimé comme jamais j'essaye d'avoir de l'humour en pensant que le résultat du test aurai pu être 'président de la république' ou 'dieu'... Mais c'est trop navrant... Je me sens vraiment devenir une ombre pour le coup. C'est presque physique. Je sais désormais que tout mon énergie va être utiliser pour ne pas regarder en face les deux solutions qui me restent... La haine et son cortège de violences ou la peur et ses mille et une manières de me suicider silencieusement...

On entre dans le nouveau millénaire et la société ne me propose pas plus de choix que la nature elle-même. Je demeure un chien. Et malgré mon masque et mes habits, je me surprend à vouloir hurler à la lune... Mais je sert les crocs et ferme ma gueule, car ce serait du tapage nocturne et ça m'enverrai droit au chenil.

 

Et dire que Sarkozy n'est pas encore au pouvoir...

Que l'ANPE n'est pas encore devenu le Pôle Emploi...

Que le chômeur n'est pas encore devenu l'ennemi public numéro 1...

Et que, même si il est noir ou arabe et habites en cité, le chômeur ne mérite pas encore d'être détruit au karcher...

Le chômeur du premier millénaire est encore un humain avec quelques droits. Les droits des ombres.

 

 

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